Fondements de l’approche Reichienne
Wilhelm Reich, élève de Freud, a mis en avant l’idée que l’anxiété ne résulte pas seulement de conflits psychiques inconscients, mais aussi du rôle central du corps, de la structure musculaire, de la respiration, et des « armures caractérielles ». Quelques points essentiels :
Armure musculaire : sous le coup du stress ou d’émotions refoulées, certaines tensions musculaires chroniques s’installent, bloquent la respiration, limitent la circulation corporelle, et restreignent l’expression émotionnelle.
Respiration et orgone (ou énergie vitale) : une respiration ample, libre, est essentielle pour le « bon mouvement » vital ; tout blocage respiratoire participe à la stagnation, à l’accumulation de tension
Libération émotionnelle : Reich pensait que permettre au corps de relâcher ses tensions — par des techniques physiques, des mouvements, des vocalisations — contribue à libérer des contenus anxiogènes.

Comment l’anxiété se manifeste dans le corps
- Une respiration rapide, superficielle, bloquée au thorax (ou même haute, juste sous la clavicule), empêchant un bon jeu du diaphragme.
- Tension constante dans certaines zones : épaules, mâchoire, cou, ventre. Ces tensions se pérennisent dans le temps, même en l’absence de danger immédiat.
Adaptation posturale fermée : repli, posture en avant, épaules circonscrites, champ visuel réduits, sentiment de fermeture intérieure.
Difficulté à sentir les limites internes/externe, le corps ne se sent pas « enraciné » ou « centré ».
Le corps comme clé de libération de l’anxiété
Travail respiratoire conscient : réapprendre à respirer en profondeur avec le diaphragme, lâcher la cage thoracique, permettre au ventre de bouger, intégrer des exercices de respiration lente, d’expiration prolongée.
Mouvements expressifs / libres : danser, secouer, trembler, laisser le corps s’exprimer au-delà du mental, cela aide à faire sortir ce qui est coincé.
Contact avec le sol, enracinement : marcher pieds nus, sentir ses appuis, pratiquer des postures qui ouvrent les jambes, les hanches, mobilisent le centre du corps. Cela aide à “tenir” dans le corps, à ne pas rester en apesanteur émotionnelle.
Massage, auto-massage, relâchement musculaire progressif : identifier les zones de tension, les masser, les étirer pour libérer les blocages.
Travail sur les armures caractérielles : s’aider de techniques corporelles (bioénergie, travail postural) pour détendre les armures musculaires, les schémas anciens qui se répètent.
Pourquoi cette approche est particulièrement pertinente aujourd’hui
Parce que beaucoup de l’anxiété contemporaine est diffuse, chronique, non liée à des dangers explicites : elle s’accumule dans le corps, sans mots, sans expression, jusqu’à la crise.
Parce que le cerveau “pense en boucle”, les ruminations, anticipations, inquiétudes — mais le corps, lui, “reste coincé”. Le travailler permet de casser le cercle.
Parce que la technologie, la vie sédentaire, le manque de contact corporel authentique (postures figées, peu de dépense physique expressive) renforcent les blocages corporels.
